L'évolution de la langue corse

L'évolution de la langue corse

Esquisse de l'évolution de la langue Corse au cours de ces derniers siècles.
Nous nous contenterons ici de remarques d'ordre général et nous nous limiterons à l'évocation des exemples les plus évidents.

La latinisation

La latinisation de la langue semble intervenir avec beaucoup de lenteur après une romanisation elle-même très générale. La conquête s'achève aux alentours de l'an 3 avant Jésus-Christ, après un siècle et demi d'occupation. Cependant Sénèque, qui est exilé en Corse de 40 à 41 après Jésus-Christ, signale dans ses écrits que
"les Corses parlent toujours un langage barbare et incompréhensible"
ce qui atteste qu'au premier siècle de notre ère la latinisation de l'idiome parlé n'est pas faite.
Quand s'est-elle faite ? A quelle date s'est-elle achevée ? Il est difficile de répondre.
On peut toutefois affirmer, sans risque de se tromper, que les dates seront bien différentes pour la côte orientale, assez fortement colonisée, et pour l'intérieur des terres qui fut, en revanche, assez peu investi par les "envahisseurs". En tout cas, la latinisation de l'île s'est faite avant qu'au Moyen Age cette dernière ne tombe sous l'influence toscane.
Dire que le corse a été directement importé de la péninsule à l'époque où les langues romanes étaient déjà formées est un fait qui ne saurait se vérifier, puisqu'il est aujourd'hui prouvé que la vague toscanisante s'est propagée sur un terrain déjà latinisé. Le manque de textes ne permet malheureusement pas de retracer l'évolution qui a conduit du latin parlé en Corse à la langue romane qu'est l'idiome insulaire. Contrairement à d'autres pays méditerranéens, le continent italien et la Sardaigne, les témoignages écrits du parlé local sont très rares et apparaissent trop tardivement pour per-
mettre de retracer l'histoire de la langue qu'on ne peut guère saisir, dès lors, qu'à partir de son état actuel.

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Corse et toscan

L'influence du toscan a été capitale. C'est à partir du Ixe siècle qu'elle s'affirme progressivement, en rompant la vieille unité linguistico-culturelle qui unissait la Corse et la Sardaigne, depuis que ces deux îles avaient été moulées dans le même cadre administratif byzantin. De cette influence toscane, il reste aujourd'hui un nombre assez important de mots anciens comme, par exemple : avale au lieu de adesso ou ora, nimu au lieu de nisuno, ancu au lieu de anche.
On peut noter une autre influence toscane dans un arrangement syntaxique particulier qui gère les pronoms personnels et qui n'est pas celui de l'italien actuel : u mi da! au lieu de me lo da!, pour "tu me le donnes".

Corse et Génois.

Hormis quelques exceptions d'ordre technique, comme le vocabulaire de la ville, de la mer, ou la désignation de certains objets, le génois ne semble pas avoir laissé beaucoup d'empreintes dans l'idiome insulaire. Les traces les plus représentatives sont des paroles comme carrughju (rue), scagnu (bureau) , brandale (trépied) , piola (hache) spichjietti (lunettes) etc..
La corse n'est donc pas, par conséquent, un dérivé du génois, comme on a trop souvent tendance à le croire.

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Corse et français

Le français s'est imposé en Corse avec une extrême lenteur, pendant les cinquante premières années qui suivirent le rattachement de l'île au continent français. C'est vers les années 1900 que la francisation s'accentuera considérablement avec l'institution de l'enseignement primaire obligatoire en langue française. Cette influence se ressentira alors par la modification du vocabulaire, de la morphologie et de la syntaxe.
Au point de vue lexical, la francisation va agir en un premier lieu par sélection, puis par concurrence et finalement par substitution. Elle impose parmi les mots corses celui qui ressemble le plus au mot français correspondant.
Voici quelques exemples : dumanda (demander) aux dépens de chere, sbarrazzà (débarrasser) aux dépens de spachja. Elle double d'un gallicisme le vocable corse traditionnel (lunette pour spechjali). Elle finit par substituer au vieux mot oublié un néologisme venu de France. L'exemple le plus frappant est celui du mot brusso (trousseau) qui a remplacé son appellation originale panni di sposialisi ou de panni à partir du moment où les notaires ont commencé à rédiger leurs actes juridiques en langue française. La modernité et les choses nouvelles provenant de France contribuent elles aussi à la francisation de la langue corse. Pendant longtemps la langue corse va intégrer tous ces emprunts dans son système phonologique et morphologique, en transformant par exemple les sons (o) et (u) du français qui lui sont inconnus.
Du point de vue syntaxique la marque du français est moins importante, sans pour autant être négligeable, comme par exemple, la tendance à remplacer l'imparfait du subjonctif par l'imparfait de l'indicatif qui était la règle après un si potentiel ou irréel : se à sapla au lieu de l'habituel se à sapessi ou sapissi.
Voici en quelques mots l'esquisse très rapide de l'évolution de la langue corse au cours de ces derniers siècles.

La langue corse en résumé

L'évolution de la langue corse remonte à l'Antiquité, lorsque l'île de Corse, connue sous le nom de "Kyrnos" à l'époque, était habitée par différentes tribus, dont les Ligures et les Étrusques. Cependant, il est difficile de retracer l'histoire linguistique précise de cette période due à un manque de sources.

L'influence romaine

Au début du Ier siècle avant notre ère, la Corse est conquise par les Romains, qui intègrent peu à peu l'île à leur Empire. La latinisation de la langue commence alors et perdurera pendant plusieurs siècles. Les langues vernaculaires corses sont imprégnées de latin et les insulaires commencent à parler une variante de cette langue, connue sous le nom de "corso-latin". Cette évolution s'accentue au fil du temps, notamment avec l'arrivée du christianisme au IVe siècle.

Les invasions barbares et l'influence génoise

À partir du Ve siècle, la Corse subit les invasions successives des Vandales, des Ostrogoths et des Byzantins. Ces périodes d'instabilité politique marquent également l'évolution de la langue corse. Entre le XIVe et le XVe siècle, la Corse est dominée par la République de Gênes. La présence génoise sur l'île favorise l'influence de la langue italienne, qui devient la langue officielle de l'administration. Néanmoins, le corse reste utilisé par la population dans la vie quotidienne.

L'évolution moderne

Au cours des siècles suivants, la Corse passe sous la domination de différents États, tels que la France et le Royaume de Sardaigne. Cette période voit l'émergence d'une littérature en langue corse, avec des poètes et des écrivains qui utilisent le dialecte local pour s'exprimer. Au XIXe siècle, la Corse devient une région française, intégrée à la République. La langue corse subit alors une stigmatisation et une dévalorisation, étant considérée comme un dialecte régional plutôt qu'une langue à part entière.

Le regain d'intérêt et la revitalisation

Dans les années 1970, la Corse connaît un regain d'intérêt pour sa langue et pour sa culture. Des mouvements nationalistes émergent, réclamant la reconnaissance du corse comme langue officielle de la région. La création de l'Office de la langue corse en 1984 permet la promotion et l'enseignement de la langue dans les écoles.

Aujourd'hui, le corse est reconnu comme une langue régionale de France et est enseigné dans les écoles de l'île. Il est utilisé dans la vie quotidienne, notamment dans les zones rurales, mais le français demeure la langue dominante dans la plupart des domaines publics et professionnels.

Malgré les défis que pose la préservation de cette langue, la Corse continue de célébrer sa culture et son patrimoine linguistique, cherchant à maintenir vivante une langue qui a traversé de nombreuses évolutions historiques.

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