Littérature et chanson corse
Littérature et chanson corse
Le patrimoine littéraire corse est très riche, même s'il n'est pas homogène, car étant formé par deux types de littérature différents, en l'occurrence l'oral et l'écrit.
La littérature insulaire, par conséquent, à la fois très riche et très complexe est très difficile à définir comme nous allons nous en rendre compte
Définition de la littérature corse
La littérature orale facteur fort de la culture insulaire
L'oralité implique un mode particulier de création. La transmission fait de chaque "colporteur" un re-compositeur et rend vaine la recherche du texte "premier", définissant ainsi l'originalité de toute autre manière que dans la littérature écrite.
La notion de création collective trouve ici son sens, même si quelquefois certains individus, privilégiés par leur talent, se trouvent à un moment ou à un autre de leur "carrière" propulsés sur le devant de la scène, l'espace de deux ou trois générations, avant que leur oeuvre remaniée par d'autres ne tombe dans l'anonymat de la tradition.
C'est la poésie, comme on peut s'y attendre, qui domine largement au sein de la littérature orale. La prose y est également présente sous forme de contes merveilleux fola et d'historiettes et d'anecdotes plaisantes, généralement appelés stalvadoghji.
La poésie est du reste généralement chantée et se présente sous diverses formes dont les plus connues sont : a paghjella chant polyphonique à trois voix dont l'origine est si ancienne qu'elle paraît avoir toujours existé, a nanna ou berceuse, i chjiami e rispondi qui sont des improvisations sur thèmes, i voceri et i lamenti chants qui expriment la douleur, i Brindisi chants de banquet et e tribbiere chants de labeur.
Si souvent la littérature orale est aussi appelée "littérature populaire", c'est parce qu'elle est comprise et appréciée de toutes les couches sociales et non pas de manière péjorative. En effet aussi invraisemblable que cela puisse paraître, les différences de fortune et de rang n'ont pas détruit, en Corse, une certaine homogénéité culturelle au sein des diverses communautés.
De cette unité culturelle témoignent certaines oeuvres de lettrés pleinement entrées dans le patrimoine populaire comme par exemple A canzone di a rustaghja (La chanson de la serpe) transmise par la tradition orale et dont l'auteur était pratiquement inconnu jusqu'à ce que l'on réactualise en 1973 le recueil des Poésie gloriose de Monseigneur de La Foata, évêque d'Ajaccio, dont elle est extraite.
La prose, comme la poésie, est une forme de littérature "anonyme" dont les compositions semblent appartenir à l'individu qui les narre.
Ainsi les filastrocche, burle e burlloni et autres raconte ridicule semblent appartenir depuis toujours à la mémoire collective et n'avoir ni âge ni auteur.
La littérature orale n'est jamais fermée sur elle-même, d'inter-action de la création du peuple et de l"élite", elle visait à intéresser toutes les classes de la société. Non seulement les oeuvres circulaient d'un bout à l'autre de la Corse, véhiculées par les bergers transhumants, les marchands ambulants, les colporteurs et souvent même par de simples voyageurs, mais elles s'exportaient parfois au-dehors, comme tendrait à le prouver l'anecdote selon laquelle une version de la "Chanson du train" (A canzona di u trenu di Bastia), créée aux environs de 1889 dans la région bastiaise, serait également connue et chantée en Sardaigne.
Comme nous pouvons nous en rendre compte la diffusion de la littérature orale n'a pas plus de frontières matérielles que morales.
Notons toutefois que les créations littéraires insulaires ont subi des influences étrangères et italiennes en particulier, par le fait de la proximité des deux pays. Il ne sera pas rare, dans ces conditions, d'entendre, par les bourgs et les villages, des chansons médiévales qui appartenaient au répertoire italien telles Bevenda sonnifera ou La pasturelle et qui, après modification, seront considérées comme des morceaux de littérature corse à part entière.
La littérature orale insulaire est d'ailleurs formée à partir des mélanges de plusieurs littératures populaires et étrangères. Toutes ces créativités ou presque sont issues d'un acquis culturel qui s'est établi au fil du temps et des rencontres avec les autres peuples.
Ainsi la paghjella qui passe de nos jours pour être un trait caractéristique de l'oralité insulaire, serait, dit-on, une variante des chants barbaresques, qui aurait été "importée" par des bergers, lors de transactions commerciales.
L'influence des diverses idéologies et des divers phénomènes culturels du bassin méditerranéen est indéniablement ressentie au travers de la littérature populaire corse. Ces échanges enrichissent énormément les diverses formes de créativité et leur donnent une force d'expressivité accrue.
L'oralité est la partie la plus importante de la littérature insulaire, tant sur le plan quantitatif que sur le plan émotionnel. Cela s'explique bien sûr par le fait que cette dernière prend racines au fond des âges et se transmet de bouche-à-oreilles et ce, de générations en générations, jusqu'à nos jours. Il va sans dire que l'évolution constante des composants linguistiques, base de la création orale, entraîne avec elle une modification certaine du vocabulaire, de la syntaxe et par conséquent de la langue.
Littérature et chanson corse en résumé
La littérature et la chanson corse occupent une place importante dans la culture insulaire de la Corse, une île située en Méditerranée et riche d'une longue histoire.
La littérature corse est un reflet de l'identité et de la sensibilité du peuple corse. Elle remonte à des siècles et possède une tradition orale avant d'être consignée par écrit. Les premiers textes en langue corse datent du 16ème siècle et sont souvent des chants ou des poèmes épiques, mettant en avant des héros corses tels que U Sambucucciu ou Sampiero Corso. Ces premiers écrits sont marqués par la lutte du peuple corse pour son indépendance et l'attachement à son territoire.
Au fil des siècles, la littérature corse s'est développée et diversifiée. Au 19ème siècle, de nombreux écrivains corses ont émergé, contribuant à la renaissance de la langue corse et à la création d'un sentiment d'appartenance nationale. Parmi les figures remarquables de cette époque, on peut citer le poète Petru Giovacchini ou l'écrivain Jean-Baptiste Casabianca.
Au 20ème siècle, la littérature corse s'est encore enrichie avec l'œuvre de Gaston Castellani, Ghjacumu Thiers et des auteurs contemporains comme Marie Ferranti ou Antoine-Marie Graziani. Les thèmes abordés dans la littérature corse sont essentiellement liés à la vie quotidienne, la tradition, l'attachement à la terre et l'histoire de l'île. Certains ouvrages sont également empreints de revendications politiques et identitaires.
La chanson corse occupe également une place privilégiée dans la culture insulaire. Les chants corses, souvent polyphoniques, sont un moyen d'expression privilégié pour les Corses. Ils sont à la fois un moyen de transmission de la culture corse et un moyen de résister à l'oppression. La polyphonie corse est un style unique qui consiste en une harmonie vocale complexe, où plusieurs voix chantent différentes parties simultanément.
La littérature et la chanson corse sont donc des éléments incontournables de la culture insulaire en Corse. Elles reflètent l'identité, la fierté et la résistance du peuple corse, ainsi que son attachement profond à son territoire et sa culture.